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Le "Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta

Photo du rédacteur: barakjeanbarakjean

Jean-Claude Gallotta et sa Compagnie Émile Dubois de Grenoble a donné sa dernière représentation à Istres ce 17 décembre 2024: "Cher Cinéma".




Jean-Claude Gallotta "Cher Cinéma
Jean-Claude Gallotta "Cher Cinéma

Comme pour beaucoup d'autres, les subventions de la Compagnie de Jean-Claude Gallotta sont supprimées sans préavis. Pas seulement réduites: nos édiles ont fermé le robinet.

Après trente ans de fidélité avec les publics et nos scènes d'Aix Istres et Martigues, fidélité réciproque, il nous reste à les remercier chaleureusement.

Sa pièce historique "Ulysse" sera reprise en 2025 par le Groupe et la Compagnie Grenade - Josette Baïz, sous la conduite de Jeanne Vallaury Stéphanie Vial et Sinath Ouk, ses assistantes. Josette Baïz qui, pour l'avoir dansée, l'a inscrite en elle.


"Cher Cinéma" de Jean-Caude Gallotta
"Cher Cinéma" de Jean-Caude Gallotta

Depuis la Princesse de Clèves que le bon peuple n'a pas nécessité à connaitre, le robinet était peu à peu refermé mais en douceur. Nombre de Compagnies ont disparu sans bruit, le pire arrive à la tronçonneuse. Il nous restera les scènes Nationales avec des moyens réduits, la culture qui faisait la fierté de la France, qui était un exemple pour les autre pays, est au plus mal.

On sait qu'il n'y a de véritables artistes que maudits, que les chants désespérés sont les chants les plus beaux, mais pour créer il faut pouvoir vivre, fut-ce modestement.

La Compagnie Émile Dubois disparait mais les danseuses et les danseurs n'ont pas dit leur dernier mot, Jean-Claude Gallotta non plus, ils redeviennent nomades et très précaires. Ils inventeront des "petites formes", de celles qu'on glisse en contrebande dans les petits Festivals ou les petites villes de culture, mais il va falloir aller les chercher.


"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.
"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.

Jean-Claude Gallotta "Cher cinéma"


C'est un trublion de la danse contemporaine: il n'était ni chorégraphe ni danseur mais il cherchait de la chaleur humaine, ça aurait pu être n'importe quelle autre aventure artistique, il l'a trouvé là. Tombé amoureux de la danse et d'une danseuse, il a rencontré sa voie ou son destin, comme on voudra. "A l’origine je voulais être peintre et la solitude me pesait. Je voulais être avec d’autres gens, c’est pour ça que j’ai dansé. La danse ou le théâtre auraient pu être une façon d’entrer en contact, et chaque fois que j’ai pu être fédérateur de troupe, ça m’a plu." Dit-il.

Ne connaissant rien à la danse il l'a inventée, elle ne ressemble à aucune autre, ce sont juste "Des Gens qui Dansent" comme il a nommé un de ses opus.


"Des Gens qui dansent" Jean-Claude Gallotta
"Des Gens qui dansent" Jean-Claude Gallotta
"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.
"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.

Il y a donc un "style Gallotta" au sens où il ne ressemble à aucun autre et à personne, si ce n'est à ce qu'il était et à ce qu'il est devenu, avec les autres. Mais ne ressembler à rien de ce qu'on connait, c'est un style à part entière. Il y a un thème de départ, chacun y apporte son improvisation, le chorégraphe organise tous les morceaux de ce puzzle, ajoute, retranche, mixe, invente, se met lui même en scène, avec sa maladresse de danseur improvisé qui a appris en regardant les autres. Jusqu'à ce que ça devienne une chorégraphie. Pour autant ce n'est pas la cour de récréation, ses danseurs et ses danseuses ont tous les âges, il n'y a pas de jeunes premières ni de prima donna. Ils sont tous professionnel, même le maître de cérémonie qui, au bout du compte, a appris comment se construit une œuvre en le faisant.


"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.
"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.

Cher cinéma


A jouer sans aucune malice les trublions il n'a jamais fait l'unanimité, mais pourtant toujours salle comble. En ne faisant rien comme les autres et en vous donnant l'impression que vous même pourriez le faire -c'est ce qu'on disait de Picasso- il a été sollicité par les plus grands metteurs en scènes que son "bricolage" séduisait, comme Federico Fellini, Anne-Marie Miéville, Leos Carax, Nanni Moretti, Jean-Luc Godard, Nadège Trebal ou Raoul Ruiz. ils se reconnaissaient en lui. Le cinéma n'est-il pas l'art même du bricolage et du collage?

Alors il leur rend hommage et les remercie, il leur avoue son admiration et parle de leurs rencontres, les danseuses et les danseurs le dansent.


"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.
"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.

C'est donc un commentaire dansé, un parcours de vie avec le cinéma et de grands cinéastes, tout autant qu'une danse en hommage au cinéma et au dialogue entre ce chorégraphe hors normes et des auteurs originaux. Bien sur il joue sur les alternances de duo ou de grands ensembles, de danse au masculin et d'ensemble féminins, même si ce n'est pas mode tendance, ça ne l'a jamais été.

Le texte et le sous textes nostalgique sont le récit même de Jean-Claude Gallotta, la camarde a fait sa moisson.



"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.
"Cher Cinéma" de Jean-Claude Gallotta.

Sous une fausse simplicité la complexité et la sincérité se cachent humblement.

Alors n'allez pas croire que la messe est dite, nous les reverrons, mais il faudra pour cela que les programmeurs les Programment et trouvent un budget pour les faire venir.


Photos et commentaires Jean Barak



avec : Axelle André, Alice Botelho, Ibrahim Guétissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro et Thierry Verger

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© 2020 par Jean BARAK Reporter Photographe

 

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