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Taïwan, la République de Chine au Festival d'Avignon le Off

A la Condition des Soies, Taïwan est toujours à l'honneur.



Birdy, Compagnie Hung Dance, de Lai Hung-Chung


En 1998, Bernard Faivre d’Arcier, alors directeur du Festival d’Avignon, invita huit troupes taïwanaises qui eurent un immense succès. Ils n'ont cessé d'être invités depuis dans le monde entier.

Devant cet engouement sans faille, le ministère de la Culture de Taïwan et le Centre culturel de Taïwan à Paris ont pris la décision -en 2007- de soutenir chaque année des troupes taïwanaises au Festival d'Avignon. La parenthèse du COVID refermée, ils sont de nouveau là, à guichet fermé, le public ne s'y trompe pas.



"Flow" un diptyque de LIU I-Ling et LIN Ying-Siu


Quiconque écoute peu ou prou la radio ou regarde la télévision sait que Taïwan -la République de Chine- est dans une situation critique. Territoire chinois, c'est une Ile de 24 millions d'habitants séparée par 180 kilomètres de mer du continent "communiste" -La République Populaire de Chine- 1,4 milliards d'habitants, qui revendique sa souveraineté sur l’ile. Démocratie d'un côté, dictature de l'autre, il n'y a aucune autre issue désirable que le statut quo.

C'est dire que les artistes Taïwanais sont des ambassadeurs culturel, créant un cordon ombilical avec le reste du monde, un espoir de liberté.


"Flow" un diptyque de LIU I-Ling et LIN Ying-Siu


Ceci posé, sa place dans les pages culturelles ne tient pas à leur situation au bout du missile mais bien par l'extraordinaire qualité de leur travail. Le centre Culturel Taïwanais présentait cette année trois pièces de danse à la Condition des Soies et une circassienne au Rouge Gorge, toutes très différentes mais d'égale qualité.


Flow


Flow est en deux parties, un duo de LIU I-Ling virtuose et savant, sur le combat entre des êtres opposés qui s'attirent et se repoussent, le yin et le yang, le masculin et le féminin, l'homme et la femme, une harmonie est-elle possible? Le doute et les espoirs son permis.

Suivi de la pièce nocturne de LIN Ting-Siu, quand un temps la frénésie de ce monde qui s'affole s'éteint, une spiritualité perdue peut-elle renaître du silence? Elle invite le spectateur à l'introspection. Une question universelle et une belle pièce onirique.


"Birdy" Compagnie Hung Dance, de Lai Hung-Chung


Sakero


Sakero est une danse ethnique, une danse des moissons comme il en existe partout dans le monde, mais ce n'est jamais la même. Celle ci est loin de l'illustration ou de la pantomime.


Chuang Kuo-Shin "Sakero"


La danse entrainée par le chant est d'une complexité et d'une technicité extraordinaire, un langage en soi. Très physique, comme le sont les travaux des champs. On aimerait la découvrir là bas, sur leur ile et dans leur communauté pour en être pénétré comme par un envoutement. Sans doute sommes-nous quelque peu séduits par l'exotisme mais ça ne suffit pas à expliquer ce que produit en nous sa force tellurique. On les sent durs à la tâche, résistants dans l'effort, volontaires, comme si leur survie en dépendait. D'ailleurs elle en dépend. Ils sont membres de la communauté aborigène des Tafalong qui appartient au peuple Pangcah. Le concept de danse n'existe pas dans leur langue, c'est dire que le rituel est un langage en soi a la portée universelle: ils sont "Sakero", ce que nous appellerions la danse.


"Birdy" Compagnie Hung Dance, de Lai Hung-Chung



Birdy Compagnie Hung Dance, de Lai Hung-Chung


Au départ c'est un duo, repris pour huit danseurs et danseuses beaux comme les Dieux orientaux et les déesses orientales des origines du monde.

Étrangement c'est à la fois une pièce totalement contemporaine et radicalement orientale, autant dire qu'ici nous n'avons jamais rien vu de pareil. Quoique, "Floating Flowers" de Po-Cheng Tsai nous avait initiés au mouvement perpétuel du rituel des fleurs éclairées de bougies, ballotées au fil de l'eau.

Birdy vous emporte dans ses circonvolutions, la danse ondule et virevolte, jamais le mouvement ne s'arrête. Le principe du judo est de créer le vide pour que le mouvement advienne, celui du Tai-Chi que le vide mis en mouvent crée la matière, le mouvement nait de l'immobilité, quelque-chose nait du rien.

Birdy est une pièce haletante, un mouvement perpétuel, d'une beauté hallucinante. Vous en ressortez épuisés, comme une tornade vous rejetterai à sa marge. A n'en pas douter un chef d’œuvre.



Il y a fort à parier que ces pièces vont vivre leur vie en France et dans le monde, il n'y a pas que le Festival d'Avignon qui s'achève bientôt, surveillez-les et ne les ratez sous aucun prétexte.




Photos et Commentaires Jean Barak







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