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Axel Loubette affronte ses échecs

Dernière mise à jour : 28 oct. 2020

"MANIA+THE TASK" : CHOREOGRAPHIC FAILURES



"Essayer, rater, essayer encore, rater encore, rater mieux"

Samuel Beckett


Echecs chorégraphiques:

quand danse contemporaine rime avec passion et créativité .

Seize mois après la présentation de "Unité 777", sa première pièce, Axel LOUBETTE revient à la charge avec "Mania" et "The Task", deux pièces créés en 2020, présentées le 23 et 24 octobre au théâtre de l'Oulle en Avignon.



"Mania"

Dans une scène réduite au décor épuré, Géraldine MORLAT en camisole de force ne possède pour seul accessoire que son corps, ses mouvements entravés et une assiette de salade.

"The Task" est une création toute récente d'Axel LOUBETTE où le danseur et chorégraphe évolue avec 3 autres danseurs : Géraldine MORLAT, Nina WEBERT, Kim EVIN, sur une scène sombre aux lumières à la fois très présentes pour "Mania", violentes, contrastées et aveuglantes pour "The Task". Cette pièce chorégraphique met en situation les personnalités complexes et souffrantes des êtres humains modernes dans une société gouvernée par les médias et la politique ... Jusqu’à la folie. Elle braque la lumière sur les échecs des danseurs qui n'ont de cesse que de recommencer, encore et encore, jusqu'au dépassement de soi, à l'improbable réussite. Géraldine MORLAT en camisole de force blanche incarne dans "Mania" la parfaite malade mentale, victime de cette société paradoxale : elle esquisse des mouvements frénétiques, se replie sur elle même, picore sa salade avec ses orteils. De temps à autre, elle a de brefs moments de lucidité durant lesquels elle tente vainement d'user de ses mains pour manger. Nina WEBERT est à sa droite : une chaise, une télévision diffuse des séquences vidéos choisies, elle "zappe" de chaîne en chaîne.



Géraldine MORLAT évolue en harmonie avec de brèves séquences de musiques interrompues, puis Axel LOUBETTE fait irruption sur la scène en chemise de bloc opératoire. Les deux danseurs déploient une gestuelle riche frôlant la perfection du détail. Deux bras ouverts tendus vers Elle, un "câlin" de solidarité, une camisole de force enlevée pour émanciper le mouvement. Le poste de télévision affiche des images ultra-violentes: crimes, meurtres, bombardements ; des manifestations marquantes comme la revendication du droit à l'IVG ; des événements historiques: le Général De GAULLE et sa "libération" de l’Algérie du joug colonial Français, son "Je vous ai compris" récurrent, le président TRUMP et son projet avorté d’érection de mur entre le Mexique et les Etats Unis d’Amérique, le président MACRON et ses discours martiaux contre le COVID. Les crises enfiévrées qui reprennent la danseuse en regardant le poste qui la capte, obnubilée, fascinée, crises qui se calment quand elle l'oublie. On sera libres d’y lire une métaphore des conséquence de la violence du monde, des médias et de la politique, sur les humains fragiles que nous sommes.



Suit "The Task", pièce crée à Ulm en Allemagne, où danse et musique vibrent à l'unisson. Elle est portée par Axel LOUBETTE, Géraldine MORLAT, Nina WEBERT et Kim EVIN. Le spectacle s’inspire du vécu personnel et commun des danseurs, à la recherche de la réussite après une série éreintante d'échecs. La chorégraphie se construit sur un discours qui dicte aux danseurs leurs mouvements et voue ces derniers d'avance à l'échec : marcher, tomber, se relever, trébucher, se relever à nouveau pour retomber, avant de parvenir à réaliser une succession de figures de danse répétées en boucles. "Mania+The Task" est le témoignage que la jeunesse d'aujourd'hui porte contre la violence des médias et de la politique. C’est le regard qu’elle tient sur le long chemin qu’il faut parcourir pour devenir danseur, sur le grand amour, la patience et la persévérance que cela implique. Cette pièce témoigne de situations sociétales et politiques délétères pour les attaquer et les dénoncer. Audacieux et talentueux, en costumes sobres, les danseuses et les danseurs déploient une gestuelle puissante.

A découvrir pour votre plus grand plaisir.


Texte Lila Régnier, photos Jean Barak



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