Créée par Maria Perez fondatrice du Centre Soléa, la septième édition de ce Festival dédié au flamenco sous toutes ses formes se déploie dans toute la Région provençale du 15 mars au 15 avril. A Marseille, Nice, Digne-les-Bains, Avignon, Aix-en-Provence, Saint-Mitre-les-Remparts, Port-de-Bouc, Istres, Grans, Niolon et Six-Fours-les-Plages!
Le Festival a commencé comme il se doit à la Cité de la Musique de Marseille -dédiée à toutes les musiques du monde- avec "En Casa de los Bolecos". Saga de la dynastie des gitans de Port-de-Bouc et de ses cousins hispaniques invités, spectacle de Flamenco Puro créé par le guitariste virtuose Manuel Gomez, avec notamment sur scène son oncle son cousin son père son épouse et son jeune fils "Pépé del Boleco".
Les Gitans
Éternels nomades par nécessité, les gitans ont une histoire douloureuse et complexe. Ceux d'Espagne sont expulsés par Isabelle la Catholique en 1499, contraints de se convertir ou de partir, accusés d'hérésie, comme les juifs. En 1594 les députés des Cortés préconisent la "disparition de la race" en séparant les couples et en enfermant les enfants dans des institutions catholiques. Ceux qui le peuvent s'enfuient au Maroc puis en Algérie, mais pas tous. Bien plus tard certains de ceux-là traverseront la méditerranée vers la France.
Envers et contre tous certains demeurent en Espagne. En 1749 une "Grande rafle" en déporte 12000. Les forgerons, presseurs d’olive, boulangers, bouchers, maquignons et autre dresseurs de chevaux manquent cruellement aux villes et aux villages où ils avaient leur activité. Le coup de grâce est donné aux derniers par le franquisme, ils traversent les Pyrénées et s'installent en Catalogne côté français et en Provence. En situation de danger permanent à travers les siècles depuis leur émigration du Rajasthan -au quatorzième siècle- ils gardent jalousement un mode de vie tribal, condition de leur survie, jusqu'à aujourd'hui .
Ils s'intègrent peu ou prou mais ne s'assimilent pas et représentent une part incontournable de la richesse culturelle des Pays où ils se sont fixés.
Ils gardent vivante leur langue mais également l'espagnol pour ceux qui en ont fui, et tout particulièrement leur danse et leur chant, le Flamenco.
Los Bolecos à la Cité de la Musique, Festival Flamenco Azul 2025
Le Flamenco
Longtemps les puristes ont assuré que le seul vrai flamenco est le flamenco gitan, le "Flamenco Puro", celui que représentent los Bolecos de Port-de-Bouc. Que le flamenco espagnol est une bonne imitation.
Finine Gomez à la danse, los Bolecos à la Cité de la musique, Festival Flamenco Azul 2025
Finine Gomez à la danse, los Bolecos à la Cité de la musique, Festival Flamenco Azul 2025
En fait les deux se côtoient et se mêlent intimement au fil des siècles, comme il y a très longtemps que la quasi totalité des gitans ne vivent plus en caravane et ont accès à tous les métiers. Tous ne sont pas artistes de profession. Aujourd'hui le "flamenco puro" existe toujours avec ses grands maîtres et ses adeptes: qui ne se souvient pas de Manitas de Plata? Les danseuses de flamenco espagnoles se forment autant chez les gitans qu'au Ballet National d'Espagne.
Il évolue sans cesse et le Flamenco espagnol intègre la danse contemporaine, de nouvelles étoiles sont nées comme Rocio Molina ou Patricia Guerrero, David Coria et Israël Galvan. Il ne s’affadit pas, il s'enrichit et se diversifie. Il transcende les frontières, on entend dire que les japonaises y excellent.
Ainsi le ballet de David Coria, "los bailes robados", -les danses volées- est résolument contemporain et résolument flamenco, sa danse emprunte et assimile plus qu'elle ne vole les nombreuses danses traditionnelles et sonorités affines, mais l"écriture est contemporaine. Il s'inspire des "chorémanies", ces danses supposées hystériques qui atteignent la transe et la folie, dansant jusqu'à la mort. Comme la danse de Saint-Guy, attribuée au Diable jusqu'à ce qu'on découvre le véritable coupable, l'ergot de seigle. La danse est frénétique et hypnotique, c'est un manifeste pour la liberté de vivre totalement, une libération à travers la danse.
Le public les ovationne.
A la danse: David Coria, Aitana Rousseau, Florencia Oz, Rafael Ramírez, Marta Gálvez. Violoncelle et voix Isidora O’Ryan, Chant flamenco David Lagos, Guitare flamenca Alfredo Lagos.
La perle noire du flamenco.
dans le cadre du Festival Flamenco Azul, ce dimanche 6 avril à 18h30 vous pourrez découvrir ou redécouvrir Ana Perez à la Friche belle de Mai, qu'on commence à nommer "la perle noire". Fille de Maria Perez et de Patrick Servius, danseur de hip hop, formée à la danse contemporaine avec Josette Baïz, elle danse le flamenco puro et explore les marges, les confins, elle crée des formes inédites. Elle perpétue la danse d'Hier et invente celle de demain avec une énergie explosive.
"Mes pas viennent du Flamenco, mon métissage me rappelle d'où je viens et mes goûts sont tout simplement le reflet de ma génération..." Ana Pérez"
Nace una estrella.
A voir absolument.
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