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Peeping Tom, le monde enchanté de l'enfance

Dernière mise à jour : 13 nov. 2023



Gravelotte


Quand les fées du collectif Peeping Tom se penchent sur le berceau de l'enfance, ça tombe comme à Gravelotte.

Une vieille petite fille un peu obèse sillonne le plateau sur un vélo qui n'a pas grandi autant qu'elle. Elle fait des mines, on se demande si elle n'est pas un peu demeurée ou génétiquement ratée mais non, c'est une chanteuse d'opéra au coffre impressionnant.

La pièce évolue dans une sombre clarté lunaire au milieu d'un chaos rocheux et d'une forêt terriblement inquiétante.


Inouït


Une voyageuse Inouït est perdue en pleine tempête. Elle rencontre un garde forestier qui lui demande ses papiers. Il lui indique la direction d'Aix en Provence et la tue dès qu'elle a tourné les talons. Vous n'êtes qu'à l'entrée du cauchemar, tout peut arriver, surtout le pire.


C'est la marque du collectif Peeping Tom qui réunit des acteurs et des danseurs dans un univers baroque et désespéré, la belgitude ne semble pas heureuse, mais elle n'est pas dénué d'Humour. On y rit beaucoup, plus pour se protéger de l'angoisse que par pur plaisir. Ils explorent les coins sombres de l'inhumaine humanité, de la cave au grenier en passant par la salle à manger, ce sont les titres de leurs précédentes pièces. "Kind" est le troisième volet de leur trilogie consacré à la famille: père, mère, enfant. Ils y déploient tout ce qu'on a voulu oublier: Freud fait encore et toujours scandale depuis qu'il a révélé -il y a cent vingt ans déjà- l'impossible, que "les enfants sont des pervers polymorphes".

A revisiter ces épisodes refoulés tout au long du chemin, ils versent dans le grotesque, le sordide, l'innommable.


Innocence


C'est ce qui permet aux écrivains pédophiles d'affirmer que les enfants sont des corrupteurs dont ils sont les innocentes victimes et aux prélats -que les femmes-sorcières horrifient- de se consoler en toute innocence avec les enfants de cœur. Il suffit d'oublier que si les enfants sont -comme tous les vivants- des êtres de désir, il appartient aux adultes de les protéger des prédateurs, soi y compris.

On ne s'étonnera donc plus d'un infanticide à la hache, d'autant que les enfants sont des êtres mi-arbres mi-pantins, d"une femme hystérique folle de son corps et de celui du sur-mâle, comme des pulsions sadiques et meurtrières du garde-forestier-chasseur ordinaire, poussé au crime par une fille diabolique.


Le sommeil de la raison


Ni de l'invasion de vieillards cacochymes libidineux, ni même des exécutants en combinaison stériles qui ordonnent cet univers délirant. Sans doute fallait-il une lueur d'espoir sous forme d'une lampe torche et d'une petite fille, une réelle, pour ramener à la naïveté et la fragilité de l'enfance, quoique habitée de toutes ces horreurs. La nuit, le sommeil de la raison engendre ces monstre goyesques.


Si vous allez voir un spectacle de Peeping Tom vous n'en ressortirez jamais indemne, c'est comme une piqure de rappel, ça fait mal et on ne sait pas si ça sert, mais ça bouscule toujours. Quoique là on n'y est pas obligé par les obsédés de protocoles idiots.

Le public est enthousiaste, ce qui laisse supposer que ça valait encore une fois le coup.

A suivre donc.


Photos et commentaires Jean Barak


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