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Photo du rédacteurbarakjean

Les Rencontres Internationales de la Photographie en Arles

Dernière mise à jour : 28 août 2022



La Croix Rouge à Arles


Eclectisme


Entre le Festival d'Avignon et les Rencontres Internationales de la Photographie en Arles, la Provence est une terre riche de grandes manifestations culturelles. Avec leur In et leur Off, le parallèle est naturel. Ces institutions vénérables rassemblent les disparus qui s'imposent à jamais, les célébrités qui ont déjà tout dit mais qui sont là de plein droit, fut-ce auprès d'un public toujours nouveau, et les émergents. Les médiocres et les géniaux.

Autrement dit les génies incontournables, on se souvient avec émotion des derniers pas de Sabine Weiss;



les "bancables", ceux qui se vendent cher et se revendent beaucoup plus cher;

et ceux qui ont quelque chose à dire et doivent payer pour pouvoir le dire: le Off.

Pour le public c'est cher, mais à Arles le Off est gratuit, c'est déjà ça. On y découvre des pépites, comme Raùl Canibano aux Docks d'Arles, face à la librairie Actes Sud. Un regard sensible sur Cuba, qui sous un classicisme apparent cache une poésie et une malice subtile. Durant deux mois, au grès de vos déambulations, vous verrez que la photographie du sous-sol n'a de cesse que de se réinventer.

(Underground en français).



Raul Canibano "La soif de l'indicible"


IN


Si vous commencez au cœur de la ville par l'Espace Van Gogh, le Palais de l’évêché et l'église Sainte-Anne, vous serez agréablement surpris, vous croirez que quelque chose a bougé, que la photographie revient, qu'elle est de nouveau porteuse de sens.


Lee Miller La tondue à la libération Espace Van Gogh


Il y a d'abord la rétrospective Lee Miller, mannequin américaine devenue l'élève, la compagne et l'égérie de Man Ray, membre à part entière du courant surréaliste, dont l'extraordinaire beauté affolera tout ce qui compte d'écrivains de photographes et de peintres parisiens, et dont le génie transformera l'histoire de la photographie et du journalisme.

Devenue correspondante de guerre sur tous les fronts avec l'armée américaine, elle vivra la libération de Paris et celle d'Auschwitz, elle suppliera les magazines de croire à la réalité de ses images abominables. Ci dessus une image de "la tondue", la vengeance des résistants de la 25ème heure contre les femmes accusées d'avoir eu des relations sexuelles avec l'occupant. "Imbécile et ignoble, mais les nazis ont fait bien pire" commentera Romain Gary. Une occasion de relire "Les cerf-volants" du même Romain Gary, bouleversant. Après ce traumatisme majeur, elle sombrera dans l'alcoolisme et abandonnera toute création artistique.

Un grand moment d'histoire.



Palais de l’Évêché


A Arles, le principe du mur d'images à fait les grands jours de la photographie inutile ou banale qui ne se suffit pas à elle même. Là c'est l'inverse, chacune d'elle vous appelle à plonger dans une réalité multiple dont l'accumulation fait sens. Elles dressent un tableau terrifiant des horreurs de la guerre, de ses misères sans aucune autre grandeur que celle de ses massacres, et l'obstination de ses sacrifiés à survivre dans le froid, la boue et le sang.

Ce musée des horreurs de la guerre va de pair avec l'héroïsme ordinaire des brancardiers infirmières et autre sauveteurs, dont ceux de la Croix rouge, qui pour ne pas être exempte de critiques -tant s'en faut- à le mérite d'avoir toujours été là, de mémoire de mutilé.




Danser


Vous danserez à l’Église Sainte-Anne, avec une collection de photographies de répétitions, où vous reconnaitrez les grandes figures qui en ont bâtie l'histoire. Ce ne sont pas de grandes photos, tout juste de la photo souvenir, comme si la photographie de danse n'existait pas encore, et pourtant...

Certaines feraient encore et de nouveau scandale, soumises aux algorithmes pudibonds des réseaux "sociaux" où le pire est possible, mais pas de voir une aréole. A croire que la connerie naturelle de ceux qui inventent l'intelligence artificielle ait été frappée par la forclusion du sein de la mère. Un trou sans mots dans l'imaginaire, un trou vide en quelque sorte. Nous vivons une époque cybernétique.



Richard Foreman par Babette Mangolte


Lexique


Vous irez au Musée Réattu, ouvert dans son entier pour l'occasion, où vous apprendrez un mot nouveau, les "périzoniums". Pas vraiment nouveau mais peu usité dans la conversation courante. "Le point aveugle" se focalise sur le voile pudique que -selon le légende- la Vierge Marie aurait ceint autour du Christ supplicié, des origines de la peinture à nos jours. Une exposition immense sur un objet partiel. Vous finirez par vous demander si cette obsession du voile ne procède pas d'un processus métaphoro-méthonymique, la fascination de l'objet caché, un peu comme les écoliers tentent depuis toujours de regarder sous la jupe des filles. Instructif et furieusement muséal.


Anouk Grinberg

Comme vous êtes au bord du Rhône, vous irez -en passant devant les Docks et les photos de Raùl Canibano -voir plus haut- jusqu'à la belle exposition des Lavis d'Anouk Grinberg. Aquarelles tristes et monochromes mais poignantes. Comme on adore l'actrice, on aimera son regard d'artiste.


Là déjà, vous souffrirez sévèrement de la fatigue et de la chaleur, mais vous ne pourrez pas repartir sans passer par Ground Control dont vous ne garderez aucun souvenir. Mais ne ratez pas l'exposition de l’École d'Art, face à la tour Luma. Vous y découvrirez qu'on peut faire une exposition de photographie sans photographie, que rien n'a changé mais en pire, que le non-art est bien devenu le crédo de l'art, que la photo est morte. Dégouté vous raterez l'expo des ateliers, dont de mauvaises langues disent que les commentaires sont abondants mais n'ont pas grand chose à voir avec les photos ni les photos entre elles.

Alors retournez dans le off, elle y vit encore au présent.

Et ne tirez pas sur les ambulances, on ne sait jamais!


Enfance


Photos et commentaires Jean Barak

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