Robert Finley, le dernier géant du blues Nord Américain, du sud profond à l'Usine d'Istres
- barakjean
- 29 oct.
- 2 min de lecture
Auteur, compositeur, interprète, guitariste, chanteur de blues et de soul mâtinés de rock et de gospel, à 71 ans il est avec "Black Bayou" l'âme contemporaine des noirs de Louisiane.

Amoureux de la musique depuis l'enfance, assidu aux offices religieux ou le gospel est roi, Robert Finley n'en fait pas un métier mais s'engage comme technicien dans l'armée américaine en Allemagne. Revenu au pays, il devient tardivement leader d'un orchestre de rue mais est également menuisier pour vivre. Un glaucome lui fait perdre la vue, il doit abandonner son métier d'artisan et devient enfin par passion et par nécessité chanteur et musicien professionnel, à soixante deux ans. Il publie son premier album, "l'âge ne veut rien dire", "Age don't mean a thing". Tout vient à point nommé pour qui croit à son destin et le forge.
Vivre de son art ne va pas de soi, dans tout afro-américain se cache -croit-on- un chanteur de gospel, de blues et de soul. De fait lui l'était déjà. Comme dans toute afro-américaine se dissimule une Bessie Smith ou une Ella Fitzgerald. C'est une autre culture, un peuple de bluesmen and women, la concurrence est rude et l'histoire brulante.
Il se situe dans la lignée du "Deep Soul", le blues du Sud profond, mais passe du gospel au blues et au rock sans transition. On reconnait l'influence de James Brown ou de Prince quand il va chercher loin sa voix de tête, une voix de fausset très haut perchée.

Robert Finley et sa fille à l'Usine d'Istres.
Il est accompagné de sa fille à qui il dédie une chanson, elle fait de même en retour. Elle est son assistante, il ne distingue plus que les lumières vives et se protège derrière des lunettes noires et son chapeau à larges bords, il se déplace difficilement. Pourtant quand la musique s'empare de lui il danse et approche la transe, il est accompagné par un trio résolument blues rock, deux guitares et une batterie.
Sa fille est également sa choriste, et surtout une belle chanteuse de blues à la voix profonde et colorée, elle pourrait tenir la scène seule mais ne nous accorde qu'une seule ballade, le gospel dédié à son père. Une belle tendresse les réunit et nous touche.

Robert Finley et sa fille à l'Usine d'Istres.
Robert Finley parle beaucoup entre les chants et se raconte, ceux qui ont dormi pendant les cours d'anglais et ceux à qui on n'a appris que les verbes irréguliers n'y comprennent goutte, mais la chaleur humaine se passe de mots et sa foi vous touche, que vous croyez au ciel ou que vous n'y croyez pas, ils communient par la musique et le chant. Il faut avoir vécu une messe afroaméricaine ou africaine pour en reconnaitre la puissance de conviction.
Avec sa voix cassée et rauque il vous plonge dans le sud profond, celui qui garde la mémoire de l'esclavage, des chants de cotons et du "miracle industriel" de l'esclavage moderne.
Il est la voix des opprimés qui obstinément résistent et résisteront.
Un très grand moment trop vite passé.

Robert Finley et sa fille à l'Usine d'Istres.

Photos et commentaires Jean Barak



Très bel article, plaisant à lire et accrochant.