Au Pavillon Noir, l’œuvre de de Rudy Riciotti, siège aixois du Ballet d'Angelin Preljocaj, pour la présentation de saison le Maître nous offre un florilège de la diversité des activités du Ballet.
Le GUID, Groupe Urbain d'Interventions Dansées
Le GUID devant le Pavillon Noir
Jeune ballet à son arrivée à Aix-en-Provence, à la suite de la victoire du Front National à Toulon où ils résidaient, accueilli dans des conditions précaires dans les locaux de la Bibliothèque Méjanes, au fil du temps le Ballet Preljocaj a grandi de façon exponentielle. Plusieurs générations de danseurs se sont succédées depuis, qui laissent des souvenirs indélébiles.
Le GUID devant le Pavillon Noir.
Avec aujourd'hui une grande troupe qui peut se dédoubler et qui tourne dans le monde entier, il accueille également un Ballet Junior qui forme les futures élites de demain. Il faut y ajouter le GUID, Groupe Urbain d'Interventions Dansées, qui intervient dans les écoles les collèges et les lycées, mais également dans la ville dans des conditions spartiates, sur le béton et le goudron avec un minimum de moyens techniques. Un groupe tout terrain qui reprend des extraits majeurs du répertoire, véritable mémoire vivante de l'histoire du Ballet, qui compte plus de cinquante pièces.
Oona Doherty
Chorégraphie de Oona Doherty
Dans la cour arrière de la Bibliothèque Méjanes, Oona Doherty que les Aixois connaissent bien après ses soli au Pavillon Noir et ses reprises en grand groupe au BNM, offre les extraits de deux pièces, un solo féminin et un duo mixte. L'irlandaise du Nord affiche un style qu'on dirait ici de "cagole", poussant parfois jusqu'à la caricature la reproduction de la gestuelle des gosses de rues quand ils veulent se faire passer pour des adultes.
La répétition Publique
C'est devenu une tradition, Angelin Preljocaj offre au public d'assister à l'aridité du lancinant travail de création d'une pièce nouvelle, geste après geste, enchainement après enchainement, inlassablement répété, jusqu’à la forme jugée provisoirement acceptable. Peu à peu, une ébauche se dessine.
C'est un travail laborieux, Angelin Preljocaj prévient le public, vous aller vous "ennuyer". Mais pourvu qu'on se laisse happer par cette mise à nu du processus créatif, on peut imaginer la somme de travail et de recherche accumulés pour aboutir à la complexité et la perfection d'une pièce de plus d'une heure, que ce fut avec deux, douze ou vingt danseurs. Loin d'être "emmerdant" comme il le dit, c'est un privilège que peu de créateurs peuvent s'autoriser: se montrer dans sa fragilité, avec ses doutes, ses erreurs, ses errances.
Une plongée au cœur d'une création en cours.
Mirea Delogu
La Saison
"N" d'Angelin Preljocaj
Parmi les reprises on notera nécessairement "N" par le Ballet Junior, de bruits et de fureur, pièce qu'on eut voulu devenue un vieux souvenir plutôt que l'actualité brulante aux bombes à phosphore sur des populations civiles qui refusent de mourir toutes d'un coup. Il y a eu Guernica, il y a eu le ghetto de Varsovie, il y a eu les camps, il y a eu l'exode et l'extermination, à Gaza c'est depuis plus de six mois en même temps et plusieurs fois par jour tous ces "plus jamais ça." Les victimes d'avant-hier sont devenues cent fois pire que les bourreaux.
Torpeurs Angelin Preljocaj
Mais la vie continue ailleurs, et c'est bien nécessaire, il y aura au Pavillon Noir et ailleurs, au Palais de l'Archevêché et au Grand Théâtre de Provence, plus de vingt cinq spectacles très différents et très éclectiques. Avec des noms maintenant bien connus des fidèles du Ballet, comme Oona Doherty et Marcos Mauro, des "habitués" maintenant, Hofesh Shechter et Josette Baïz. Il y aura des nouveaux et de nombreuses reprises d'Angelin Preljocaj, le triptyque cet été au Palais de l’archevêché, "Annonciation", "Torpeur", "Noces", "Requiem(s)" au GTP, "Annonciation", "Trait d'Union" et "Larmes Blanches", "Mythologies" au GTP, "Helicopter" et la création 2025. Et "N", bien sûr.
Requiem(s)
Un saison plus que riche, le Ballet Preljocaj est devenu une mine des diamants de l'art de la danse, participant du prestige international de la Ville d'Aix en Provence.
Photos et commentaires Jean Barak
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