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Raphaëlle Delaunay, "Eikon"

Dernière mise à jour : 14 juin 2021


« Eikon » de Raphaëlle Delaunay ou l'ombre trouble de Péter Pan


« Martyre ou satyre, artiste inspiré ou produit commercial? La vie et l’œuvre de Michael Jackson nous renvoient à notre propre complexité d’être humain, sans doute parce que lui avait cessé de l’être. De l’autre côté du miroir, c’est dans cet espace indéfini aux clairs obscurs prononcés, qui rappellent les tableaux des grands maîtres hollandais, que je situe l’univers poétique d’Eikon. Entre figure tragique et burlesque, il nous conduit à revisiter les grands mythes fondateurs, à décoiffer l’icône et s’interroger sur notre besoin de s’en fabriquer de nouvelles. »

Raphaëlle Delaunay pour Parisart



Fascination


Une overdose de somnifères a eu raison du Roi de la Pop, Mickaël Jackson. Il a eu droit à des funérailles mondiales. Comme pour d'autres étoiles, des adorateurs crient au complot, en vérité il ne serait pas mort. En effet, comme pour l'âme des poètes, si l'être survit tant qu'un autre pense à lui, il pourrait bien être immortel. Avec 800 millions de disques vendus, il a rejoint Elvis Presley et les Beatles au Panthéon des idoles.

Jackson est un phénomène de scène et un « people » sulfureux: un enfant noir qui refuse de grandir, devient blanc à force de chirurgie, richissime et dépensier à l'excès, dormant -dit-il- comme un enfant avec d'autres enfants, s'enfermant dans un caisson de privation sensorielle, entre autres facéties.

A certains égards, c'est un monstre dérangeant et fascinant qui laisse des millions d'orphelins.



Hommage


Ex danseuse de Pina Baush et Jiri Kilyan, Raphaëlle Delaunay lui rend un hommage ambiguë comme l'était le personnage, avec une distribution éclectique: la belle danseuse afro-américaine Asha Thomas, transfuge de la Compagnie Alvin Ailey, que nous avions vu l'année dernière aux Salins dans « Bitter Sugar » également de Raphaëlle Delaunay , un danseur Kényan d'Evreux, Mani Asumani Mungai, et un jongleur-danseur improbable, chaplinesque et stylé, échappé du Cirque Romanes: Laurent Cabrol.



Distanciation


Qu'il s'agisse comme l'annonce la chorégraphe de créolisation, de métissage ou de blanchiment, la pièce est dominée par les apparitions et disparitions lumineuses de Raphaëlle Delaunay, danseuse classique filiforme sur pointe, groom Jacsonnien bondissant ou drag queen pathétique figée sur des talons perchoirs. « Eikon » évolue de l'hommage abstrait crépusculaire à la caricature facétieuse pour finir en joyeuse sarabande, non sans s'attarder sur une évocation faunesque d'un Nijinski halluciné, la boucle est bouclée.

Pour peu que vous acceptiez de vous laisser bousculer par ce surprenant mélange des genres à la drôlerie très distanciée, comme eux, vous pourriez bien finir par en être amusé.

Etonnant!



Photos et commentaires Jean Barak



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