top of page
Photo du rédacteurbarakjean

Anne Teresa de Keersmaeker, Une légende belge

Après le Festival de Montpellier en 2006, nous l'avons vu en 2007 avec "D’UN SOIR UN JOUR", au Théâtre des Salins de Martigues. Retour sur une chorégraphe mythique qui fuit généralement les photographes.

Festival d'Avignon, cour d'honneur du Palais des Papes en 2013



« D’un soir un jour » est un spectacle patchwork consacré à la musique et à ses relations avec le mouvement, formé de deux triptyques séparés par un entracte.

On y entendra et y verra deux pièces de Stravinsky, dont une consacrée à la mémoire de son ami Claude Debussy, deux de Debussy, et deux de Georges Benjamin, compositeur contemporain britannique. Outre son rapport à la musique, l’unité de la soirée tient au style immédiatement reconnaissable de la cheffe de file de la danse belge contemporaine : Anne Teresa de Keersmaeker.



Inspiré du poème de Stéphane Mallarmé, son « Prélude à l’après midi d’un faune » -de Debussy- est un hommage à Nijinski, dont le génie de la danse et la chorégraphie sont entrés dans la légende. La force sensuelle de l’œuvre est incarnée par la très belle Fumyio Ikeda, dont la totale nudité est plus révélée que voilée par une robe diaphane. Un faune surgi de profil d’un bas relief, poursuit indolemment deux muses délicates. Sont-elles réelles ou les a-t-il rêvées ?



Suit un hommage de Stravinsky à Debussy où les danseuses sont portées de mains en mains dans un mouvement vertigineux, elles semblent ne plus jamais devoir toucher terre.

Les « Dance Figures » sur neuf mouvements brefs de Benjamin sont à ce point déstructurées et aléatoires, d’une logique totalement insaisissable, qu’on y voit bientôt la marque d’une savante organisation du chaos. La suivante est tourbillonnante jusqu’au vertige, cercles obsessionnels de la même phrase répétée à l’infini avec d’infimes variations, métaphore du vent dans le désert du Mexique.



Une fête baroque de saltimbanques hétéroclites explose en quatre minutes de Stravinsky, enfin un Debussy illustré par un extrait de« Blow-up », le film d’Antonioni, fait une rupture incongrue sur fond de poursuite amoureuse à trois, autour d’un terrain de tennis.

Plus qu’une œuvre à l’unité très improbable, Anne Teresa de Keersmaeker nous livre la quintessence de son art, certes aride, mais sa danse ne se donne qu’à ceux qui ont pris la peine de s’initier à cet art, parfois ésotérique.


Photos et commentaires Jean Barak

Fumyio Ikeda

Comments


bottom of page