OU COMMENT LE MEURTRE D’UN HOMME NOIR PAR UN POLICIER BLANC AUX ETATS-UNIS INFLIGE UN VIOLENT CAMOUFLET AU MINISTRE DE LA PRIVATION DES LIBERTÉS EN FRANCE
Nous venions à peine d’apprendre que le battement d’aile d’une chauve-souris sur un marché de Wuhan, capitale régionale pittoresque de 11 millions d’habitants au centre de la Chine, a provoqué une formidable crise mondiale du libéral-capitalisme triomphant, quand, en plein “déconfinement”, une manifestation interdite contre le racisme rassemblait de 40 à 80 000 participants dans tout le pays. (Aux dires de l'Agence France Presse). Au moment même où un rassemblement de dix personnes maximum nous était généreusement accordé. Une “manif” organisée au mépris total de la distanciation physique, distanciation “sociale” n’est pas synonyme, il fallait voir les images pour le croire. De 20 à 40 000 à Paris, autant en régions. Cela va sans dire, les manifestations sont interdites “pour protéger les citoyens” du coronavirus, pas de l’épidémie de violences policières.
Comptons-nous, comptons-les
N’allez pas croire que ni la police ni les organisateurs ne savent compter. Ils sont tout aussi capables d’approcher le chiffre exact à la centaine près, mais les intérêts étant opposés, à 30 000 les uns enlèvent 10 000 et les autres en ajoutent autant. Elie Fiorini, un vieux militant politique raconte en riant “Quand nous n’étions pas assez nombreux nous faisions le tour du pâté de maison pour défiler plusieurs fois”. La répression d’une foule pacifique nettement plus colorée qu’à l’ordinaire est très délicate : nasser et gazer ça va, mais passer à tabac, arracher des mains et éborgner des gens issus de “communautés visibles” pourrait être mal interprété, et faire hurler au racisme les esprits mauvais. Il ne faut pas réveiller les vieux démons de la colonisation. On pourrait bien nous ressasser jusqu’à l’écœurement la vieille antienne de la déportation des “bois d’ébène”, puis l’importation massive de travailleurs maghrébins pour nos industries en plein essor, celle de nos soldats indigènes abandonnés dans la débâcle des guerres d’indépendance, nos tirailleurs sénégalais, et nous appeler à la repentance pour les crimes imprescriptibles que nous n’avons même pas commis. Qu’y pouvons-nous s’ils ont fait notre prospérité? Nous sommes tous nés quelque part, on ne choisit pas.
Donc “allez-y mou de la matraque”, sinon on nous renverra encore en pleine face le massacre du métro Charonne et les bons soins de Maurice Papon, préfet zélé de l’Etat français, puis de la République. Ce ne sont pas des Gilets jaunes inorganisés suivis par une centaine de black block. Ni même des blouses blanches au cuir épais. Prudence et modération, une émeute raciale est si vite arrivée dans les quartiers, voyez l’embrasement aux Etats-Unis. C’est un peu délicat.
“Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre”. Discours de la servitude volontaire, La Boétie
Voilà qui est fait. Une manifestation interdite contre les violences policières réunit plus de quarante mille personnes dans le pays, la statue du commandeur est soudainement ridicule, et pas qu’un peu. Y aura-t-il après cette “manif” une nouvelle flambée de la pandémie? De virus ou de violence “légitime”? Il faut bien l’admettre, tout le monde est embarrassé, juste après l’union sacrée dans la guerre contre le Covid19 que le Président a presque vaincu avec ses petits bras et ses gros bras. Les manifestants eussent pu scander “vivre libre ou mourir”, du virus ou d’une bavure ordinaire, on se prend à admirer ces Antigones de la désobéissance civile, prêts à recevoir les foudres de la police et de la justice pour appeler à la justice et crier leur colère. Certains prendront cher, mais on ne les aura pas tous, tant s’en faut.
“La violence n’a pas sa place en démocratie” Christophe Castaner “Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements sur la voie publique sont interdits, pour protéger la santé de tous”. C.C.
Certes. Il est urgent de protéger la police, aucune violence ne peut plus être cachée depuis qu’elles sont filmées par les téléphones portables et les journalistes. Monsieur Eric Ciotti l’a bien compris : la loi l’autorisait, elle l’interdira. Tout lanceur d’alerte et tout diffuseur de preuves concernant les exactions des forces de l’ordre sera bientôt très sévèrement puni, 15 000€ d’amende et un an de prison. Plaise aux députés de voter sa loi.
“Ma mère disait : pour être flic ou gendarme c’est facile, il suffit d’être capable de tuer père et mère si on vous en donne l’ordre”. Thérèse Fiorini, 1902/1995
En effet, les violences policières n’ont pas leur place en démocratie. Les policiers sont de braves gens: sur un compte WhatsApp privé réservé à la police -dont des extraits ont été diffusés sur Arte Radio, encore accessible à ce jour- on peut entendre entre autres préconisations et commentaires “Ce pays mérite une guerre raciale bien sale”, ou “C’est une pute à nègre, une fille de prof passe encore, mais une fille de CRS, putain”! ou “Balavoine, Goldman, la propagande pro-nègres a commencé là et on a rien vu!” ou encore: “Une balle dans la tête, tu es une merde de gauche, tu mérites de mourir, il faut supprimer ces fils de putes”. Etc…etc… Les juifs ne sont pas non plus oubliés. Ils se revendiquent policiers racistes, fascistes, suprématistes blancs. Mais comme ils ne sont que 8000 inscrits sur ce compte-là, nous voilà rassurés. Mais ce n’est pas en Afrique du Sud au temps de l’apartheid. A moins que ce ne soit que la partie (à peine) visible de l’iceberg.
Histoire de masques, anecdote
En 2010 on interdit le port de masque en public, pour identifier les “anars” et interdire de se protéger des gaz. Détenir du liquide physiologique est une preuve à charge. En 2020 il devient obligatoire. Comment distinguerons-nous les masques improvisés des foulards islamiques? On en vient presque à ressentir quelque tendresse pour Roseline Bachelot, la Ministre de la Santé qui achetât il y a dix ans une montagne de deux milliards de masques, cent millions de doses de vaccins et trente-trois millions de traitements antiviraux, payés d’avance cash, pour rien. “Ce n’est pas au moment où une pandémie surviendra qu’il s’agira de constituer les stocks” disait-elle, la suite -tardivement- lui a donné raison. La grippe H1N1 est passée toute seule, la camarde a juste emporté quelques “vieux” à leur avant-dernière heure. (Rappelons qu’on est administrativement “vieux” à partir de soixante-cinq ans). Inutiles et “périmés”, encombrants les offices des hôpitaux, les masques ont été détruits. Le reste aussi. Il n’est pourtant pas exclu qu’un masque “périmé” protège mieux que rien du tout.
Mais qui nous protégera de la police?
Qui nous protégera de ce gouvernement qui a comme jamais depuis 1945 abîmé les libertés, la démocratie, la République et ses principes fondateurs?
Photos et commentaire Jean BARAK
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