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Revolucion Pazcifica de Columbia


Par "los Jovenes Creadores del Choco" de Columbia, une révolution pacifique au Pavillon Noir


Imaginez un pays où ceux qui ont moins de soixante ans n'ont connu que la guerre, les assassinats, les "Escadrons de la mort", milices urbaines ou armées privées, trafic de drogue et violence à chaque coin de rue, "pandillas", bandes sauvages d'enfants des rues et "sicarios", enfants tueurs à gage, et pour les garçons et les filles, la prostitution et le viol.

Imaginez un pays où on danse la salsa comme nulle part ailleurs dans le monde: "En se débrouillant bien dans ce pays, on peut danser toute l'année, en se déplaçant de ville en ville, de fiesta en fiesta".

Imaginez un pays ou on a négocié la paix des armes entre les révolutionnaires de la selva et le pouvoir, il y a vingt ans, réussi un retour à la paix civile, et vu l'assassinat quotidien de tous les démocrates, syndicalistes, élus, journalistes et intellectuels. Les survivants sont retournés dans le maquis pour une guerre que personne ne pourra jamais gagner. Ils ont encore essayé la paix il y a cinq ans, avec le même succès. C'est la Colombie.


Santiago de Cali est dominée par trois immenses croix, Las Tres Cruces.


Pendant le Féria de Cali, la deuxième d'Amérique Latine après Rio, un char surgi de nulle part à la dernière seconde représente la condition des femmes, crucifiées, la femme volcan qu'est la Colombie, et un curé qui bénit la foule. Sidéré, la foule se tait, puis applaudit à tout rompre. "Poderosas" murmure une femme âgée. On pourrait penser que c'est le pays du désespoir. "danses comme si tu allais mourir demain, d'ailleurs tu peux mourir demain" dit Mauricio.

Quelles que soient nos difficultés, et elles existent, en comparaison nous vivons dans un havre de paix et de prospérité.

Alors ils dansent.



Dans la rue il y a deux millions d'enfants. Perdus, abandonnés. "Ce ne sont pas des enfants, ce sont des rats" disent les escadrons de la mort, alors la nuit ils nettoient au fusil d'assaut.

Mais il y a aussi des justes, croyants ou agnostiques, qui croient que là où la violence a échoué la culture sera la révolution pacifique. La danse, la musique, le théâtre, le cirque.


Agua Blanca, Cali, foyer de fillettes issues de milieux déshérités et de la rue.


Il y a des foyers pour les enfants perdus, où on peut échapper à la rue, apprendre à vivre ensemble, apprendre un métier, inventer un avenir. "C'est fragile, les proxénètes les attendent à la porte et leurs promettent l'argent et la grande vie, certaines ne restent pas longtemps" dit Paola, la psychologue. Dans ces foyers il y a des gens modestes, simples, humbles et aimants, ils disent "pour le peu que nous donnons nous recevons au centuple, nous ne faisons rien d'exceptionnel".



Situé dans l’ouest de la Colombie, le Chocó est le fief de la culture afro-colombienne, connu pour la splendeur de ses côtes pacifiques et ses paysages tropicaux. C'est une terre afro-cubaines, la danse y exprime le besoin vital de résistance et de guérison opposé à la violence omniprésente. Dans ce contexte, l’organisation Jóvenes Creadores del Chocó mène des projets artistiques pour permettre aux jeunes de créer un cercle vertueux de révolution culturelle pacifique. Leurs spectacles sont bouillonnants d'énergie, danse, chant, théâtre, émotions et rythmes effrénés, de mythes, de masques et de couleurs. Le reggaeton affronte les percussions africaines, leur héritage afro-colombien.

L’association, fondée en 2008, est dirigée par Katherin Gil, à la fois avocate et danseuse. Elle forme des centaines de jeunes à Quibdó, la capitale du Chocó.

En parallèle, tous poursuivent des études. C'est une lueur d'espoir bien réelle, présente en chair et en sang, qui prouve que tout est toujours possible, même en enfer.


Nicole Saïd les a découvert à Santiago de Cali.

Des puristes trouveront qu'il y a des enchaînements à resserrer, des techniques à affuter, mais ils ne tiendront pas soixante secondes leur rythme d'enfer, qui épuise même les spectateurs en apnée.

A voir absolument, bouleversant de beauté, de joie, de force et d'humanité.


Jean Barak

Photos et textes




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