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"Le Jour se Rêve"

Dernière mise à jour : 14 juin 2021

Jean-Claude Gallotta rêve les yeux ouverts.



Fondateur du "Groupe Emile Dubois" Jean-Claude gallotta est un habitué du Théâtre de l'Olivier d'Istres.

Anne Renault qui est la Directrice artistique des Théâtres de Scènes et Cinés de l'Ouest Etang de Berre est toujours restée fidèle à ses coups de cœurs. Pour notre plus grand bonheur: ils sont devenus les nôtres. Ainsi les spectacles de la Compagnie "Aracaladanza" qu'on peut programmer "chat en poche" ne déçoivent jamais, on les a tous vu. De même pour Josette Baïz, Michel Kelemenis, Thierry Malandain et Christine Fricker, que les Istréens ont pu voir et revoir, et qui en redemandent.

Avec "L'Homme à la Tête de Choux" qui est passée au Théâtre des Salins de Martigues, nous avons ainsi pu découvrir nombre de spectacles de Jean-Claude Gallotta autour de l'Etang de Berre. Pas tous, certes, c'est impossible.


Itinéraire bis


Pourtant, comme on ne sais jamais où le ranger, on ne le voit jamais à Marseille.

Il n'est pas danseur mais il danse, il n'est pas chorégraphe mais de 1976 à 2016 il crée -ou recrée "pour ne pas les laisser mourir"- 56 pièces, parfois une par an, ou deux ou trois. Ou cinq. Après des études d'Arts Plastiques à Grenoble il devient danseur de claquettes, rencontre Mathilde Altaraz, médecin et danseuse classique, ils créerons ensemble le courant de la "nouvelle danse française" avec le Groupe Emile Dubois, au début des années 80. Un plasticien qui danse et qui gagne le prestigieux Concours International de Bagnolet en 1976 et 1980, ça fait désordre.

Ce n'est pas coquetterie quand il dit que la danse était un hasard, qu'il aurait pu s'investir dans n'importe quel autre art qui lui aurait permis de rencontrer des gens, de les mettre en relation, de vivre une compagnie qui serait comme une famille que l'on se choisit. Là encore il est question de fidélité: dans "Des Gens qui Dansent" trois générations dansent ensemble.


Question de style


Le style Gallotta est inclassable, au premier abord c'est comme une grande pagaille, mais plus ou moins organisée, l'ordre vital contre l'ordre formel. Ce n'est pas qu'il méprise les codes: comme il ne les a pas appris, il ne fait que ce qu'il veut comme il veut. Il est libre de toutes contraintes et ramène la danse au niveau des gens ordinaires, on ne sait jamais ce qui va se passer. Au point qu'on peut parfois se laisser accroire qu'on pourrait se joindre à eux sans difficulté, apporter son grain de sel ou de folie. C'est bien évidemment une illusion, la technique et l'écriture sont bien là, en retrait, les maladresses sont feintes. Ou elles font partie du processus.


A dire le vrai, de 1976 à 1978 Jean-Claude Gallotta part aux Etats Unis pour travailler avec Merce Cunningham, dont l'écriture au cordeau -quasi mathématique- diamétralement opposée à la sienne l'emmènera vers d'autres formes inconnues à ce jour.

"Le Jour se rêve" est un retour à cette source, fidèle jusqu'au lycra des années 80 et aux diagonales du vieux maître américain. Trois séquences plus disciplinées que d'habitude, révérence au maître oblige, ponctuées d'interventions chaplinesques du chorégraphe, paralysé par le trac, comme à chaque fois.

Toujours humble, toujours présent avec la compagnie, avec les mêmes danseurs ou presque, le temps a passé.

Qu'importe l'âge ou la morphologie, la beauté est d'abord celle de l'être, le reste suit.


"Le jour se rêve" est un spectacle plus conceptuel que les autres, moins narratif et plus dansé, qui nous surprend encore. C'est toujours le même livre, mais pas exactement le même style ni la même histoire. Il parle de la danse, mais il parle surtout à chacun de nous qui retrouvons enfin cette part essentielle du plaisir de vivre, celle de l'être ensemble qui nous différencie des protocolisateurs obsessionnels et de leurs maîtres, de la police des masques et des gels d'alcooliques, des affoleurs patentés de populations, des experts de l'expertise qui disent tout et son contraire au grès des vagues électorales et des vérités alternatives.

La loi nous oblige encore à êtres masqués sous peine de sanctions et de re-fermetures des lieux de culture, mais il n'y aura jamais assez de pandores pour nous verbaliser tous.

Bientôt, ils auront d'autres chats à fouetter et nous pourrons communier de nouveau entre amoureux de la culture, avec celui qui croyait au vaccin et celui qui n'y croyait pas.

Et il n'y a pas besoin de sortir de l'ENA pour parier que Jean-Claude Gallotta reviendra, et que nous aussi, nous serons là.

Sans faute.


Jean Barak

Avec: Axelle André, Naïs Arlaud, Ximena Figueroa, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, et Jean-Claude Gallotta

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