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Photo du rédacteurbarakjean

Les Grâces de Silvia Gribaudi au Pavillon Noir, la programmation du Ballet Preljocaj

Dernière mise à jour : 10 oct.


"Grâces" de Silvia Gribaudi au Pavillon Noir


Les trois Grâces


C'est en contemplant le dessin des Trois grâces d'Antonio Canova, à la demande de Roberto Casarotto Directeur du Festival B-Motion de Bassano del Grappa en Italie, que Silvia Gribaudi a initié cette recherche chorégraphique.

C'est une lecture pour le moins décalée de cette œuvre illustrissime, de Boticelli en 1483 à Raphaël en 1504 1505, à Rubens en 1639 jusqu'à Picasso et Niki de Saint Phalle, dont elle procède plus que de l'original. Des originaux devrait-on dire.



"Grâces" de Silvia Gribaudi au Pavillon Noir




Certes, les grâces de Niki sont énormes, quasi monstrueuses, monumentales, hyper-sexuées, celles de Picasso déclinées à l'infini comme à son habitude sont gracieuses ou puissantes, comme celles transcendées par la beauté et la force de la danse, celles de Rubens annoncent la modernité avec leur opulence, on les dirait aujourd'hui en surpoids ou bien en chair, celles de Raphaël sont les modèles de la beauté du seizième siècle naissant, et Botticelli est comme il se doit préraphaélite, si ce n'était la nudité, elles sont à l'image des Madones. Elles échappent encore à la dictature du périzonium, réservée au Christ et à Instagram.



"Grâces" de Silvia Gribaudi


Les trois grâces de Silvia Gribaudi sont des hommes, elle joue le rôle du clown blanc qui s'interroge sur le concept. Qu'est-ce que la grâce?".

Elle interpelle le public, le fait chanter, le questionne et il répond, se prend au jeu et jubile.

Afin que nul n'en ignore, elle effectue quelques prouesses "dansistiques", un grand jeté, un grand écart debout, quand elle n'est pas que le faire valoir, de la voix et du geste, de ses interprètes et performeurs, qu'elle fait applaudir. Elle remercie, beaucoup et souvent, et étouffe ses rires sous une impassibilité de façade qui n'a des cesse que de se fissurer.



Comedia del Arte


L'effet comique est garanti, la salle rit tout du long, les danseurs et la danseuses chorégraphe ont beaucoup de mal à garder leur sérieux. On se souviendra que l'Italie est la mère de la Comedia del Arte. Elle avoue s'être tous quatre énormément amusés en créant cet objet dansé multiple et complexe, et s'amusent toujours autant à chaque représentation.

Jamais elle ne tombe dans la caricature ni la moquerie, ils ne minaudent pas, n'imitent pas, ils recherchent ce qu'est la grâce, avec ce qu'ils sont de là où ils sont.

Mais quels danseurs!


Ça se terminera sur le tapis trempé d'eau en grandes glissades pudiques, faute de la présence de Dave Saint-Pierre qui ose la nudité en pleine lumière, ou de Ian Fabre qui lui, préfère l'huile d'olive encore plus fluide.



Comme il se doit pour être fidèle au modèle, la nudité n'est pas absente mais discrète, dans une pénombre quasi impénétrable qui fait sourire les dames. On notera à la sortie les éclats de protestations au téléphone d'une jeune fille outrée d'avoir dû subir cela, mais il est à craindre que ce ne soit ni le premier ni le dernier attentat à la pudeur du public de la danse contemporaine qui, lui, s'en délecte et en redemande depuis Isadora Duncan.



Photos et Commentaires Jean Barak


Avec Silvia Gribaudi, danseuse et chorégraphe, Siro Guglielmi, Matteo Marchesi, Andrea Rampazzo, les trois grâces.



"Grâces" de Silvia Gribaudo au Pavillon Noir Ballet Preljocaj


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