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Photo du rédacteurbarakjean

Ruisseaux rivières et Affluents

Interstices


Dans le cadre d'un été sous la menace d'une démocrature sanitaire qui tue l'essentiel plus sûrement que le virus qu'elle prétend combattre, le plaisir de vivre, la confiance en soi et en l'autre, la culture et les cultureux, la magie de la scène et le rêve, les saltimbanques et les artistes, comme d'autres un peu partout, tant bien que mal, le Ballet Preljocaj se glisse dans les interstices que nous accordent les politiques magnanimes en campagne, pour le renouvellement de leur fauteuil et la survie de leur précieux égo.


"Why III love the Moon" Leonardo Cremaschi avec Isabel Garcia Lopez, Mirea Delogu, Florette Jager

Leonardo Cremaschi "Why III love the moon", ou "La" Femme n'existe pas, mais elles, elles se rêvoltent. En effet, c'est un néologisme et un barbarisme. Ou une métaphore.


Clara Freschel, "Almaviva", un récital chanté et dansé pour Baptiste Coissieu en Diva et et Leonardo Cremaschi, Mozart, Rossini, Bernstein, verdi et Debussy, superbement chanté par Clara Freschel.

Décalé et brillant.


Matt Emig "Vainement ma voix l'implore". Si la lumière me traversait, que verrait-on de moi?


Les grandes rivières ont commencé en petits ruisseaux


Le principe est simple: au Ballet Preljocaj, toute danseuse, tout danseur qui a une âme de chorégraphe cachée est invité ou invitée à la montrer, à lui donner de l'espace, celui de la scène prestigieuse que la notoriété du ballet permet, et celui de ses danseurs hors pair. Depuis les premiers balbutiements nombre de talents se sont révélés, plusieurs se sont affirmés. On se souvient de Philippe Combes, de Barbara Sarreau, d'Emma Gustafsson, Emilio Calcagno, Sylvain Groud, Olivier Dubois, Emilie Lalande, et bien entendu Kaori Ito qui ont fait leur chemin de danseur et de chorégraphes, pardon aux oubliés.


Emma Perez Sequeda "Ikaro" par Victor Martinez Càliz


Huit pièces


Deux soirées pour deux fois quatre pièces moins une, protocole Covid positif oblige, qu'on espère bien un meilleur jour prochain découvrir. Ces univers singuliers étaient précédés par une installation "immersive" où le public côtoyait les danseurs jusques à les frôler. Signe des temps: on a même pu voir quelques spectateurs qui regardaient les mains dans les poches, ne serait-ce que pour se distinguer, voire et même pour voir en temps réel avec leurs propres yeux. les autres suivaient sur l'écran de leur portable des vidéos en direct qu'ils ne regarderons peut-être jamais.



Anna Tatarova "Ailleurs" avec Mirea Delogu


Ce dimanche c'était psychiatrie. Une femme seule dans sa camisole souffre, elle rêve d'un ailleurs heureux qui mériterait de se vivre. Dans sa tête, elle serait une danseuse du Ballet Preljocaj, aérienne et lumineuse. On ne sait jamais quelle fantasmagorie habite les personnes enfermées, en hôpital et en eux-mêmes, sans doute n'ont-ils "pas assez de musique dans la tête pour faire danser leur vie".

Là, oui.



"Cardinal" Schizophrénie, Baptiste Coissieu


Tout est dit dans le propos: "Psychose délirante chronique caractérisée par une discordance de la pensée, de la vie émotionnelle et du rapport au monde extérieur".

Sur une bande son contemporaine Baptiste Coissieu tisse une danse folle, il se débat dans ses identifications et ses troubles obsessionnels compulsifs, ses discordances sonores, ses identifications multiples. La question à beau être devenue omniprésente, voire invasive, c'est la sienne, et sa maîtrise éblouissante transcende ses désarrois. Impressionnant.



Emma Perez et Victor M. Càliz dans "En Contra Dos"


Entre les deux soli un duo écrit et dansé par Victor M. Càliz s'intercalait. Seul c'est trop triste, à deux est-ce mieux?

Peut-on ne faire qu'un? Combien de temps?

La vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Angelin Preljocaj fait confiance à ses danseurs, on ne peut que l'approuver.


Photos et commentaires Jean Barak











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